Piedmont des Appalaches
C’est au cœur des plaines vallonnées et collines fortement érodées du piedmont des Appalaches que l’on retrouve le berceau de la vitiviniculture du Québec.
Balade patrimoniale
C’est aussi au cœur de ces vastes paysages agroforestiers, s’étirant depuis la frontière canado-américaine, que l’on côtoie les agglomérations parmi les plus pourvues en patrimoine bâti de la région, telles Stanbridge East, Mystic, Bedford et Pigeon Hill. Ces témoins architecturaux relatent d’ailleurs une partie de l’histoire culturelle et industrielle de l’origine des Cantons-de-l’Est.
En somme, ce secteur centre-ouest de la MRC Brome-Missisquoi pullule de routes panoramiques. Dans le pays stanbridgeois, ce sont les collines armandoises qui proposent des chemins bucoliques filant sous des tunnels d’arbres centenaires. Plus au nord, des paysages de fermes bovines et laitières s’invitent, quant à eux, dans les plaines d’ardoise, situées dans la cour arrière de Farnham, Cowansville et Dunham.
Paysages de calcaire et d’ardoise
Ce sont des dépôts fluvio-glaciaires de till, laissés par les diverses glaciations, qui composent, en grande partie, le sol du piedmont des Appalaches. Plus au nord, les dépôts d’ardoise, propices à la culture vinicole, caractérisent les paysages. Plus au sud, les dépôts de calcaire forment les entrailles du pays stanbridgeois et de l’écaille de Philipsburg. Cette écaille constitue en soi une singularité régionale. L’activité tectonique en est la principale responsable.
Aujourd’hui encore, les carrières qui s'y trouvent sont toujours en exploitation et florissantes, alors que le paysage trop accidenté est demeuré boisé. Ailleurs sur le piedmont, l’action des eaux de la mer de Champlain a remué les dépôts de surface. Ainsi, les fonds plus limoneux et sableux de cette ancienne mer ont favorisé les activités agricoles. Les lieux, où foisonnent les dépôts granuleux, sont occupés par la forêt.
Berceau des Cantons
Ce n’est qu’au troisième quart du 18e siècle que le territoire bromisquois assiste à l’arrivée des premiers colons, principalement des Loyalistes venus des États-Unis. Ce peuplement tardif repose, entre autres, sur l’incertitude géopolitique des guerres de Conquête (1759- 1763) et d’Indépendance américaine (1776-1783) qui entretenaient le flou des frontières. Les premiers colons bromisquois ont d’abord privilégié un secteur de la baie Missisquoi, devenu Philipsburg.
Entre temps, le territoire de Brome-Missisquoi se développe selon le modèle anglais des cantons. L’arrivée du chemin de fer à la fin du 19e siècle accentuera le développement du piedmont. En 1884, huit compagnies ferroviaires quadrillaient le sud du Québec, faisant du piedmont une des régions canadiennes les plus densément couverte par les voies ferrées.
Chin-chin
Il fut un temps où le piedmont des Appalaches foisonnait d’industries. En 1871, on en compte plus de 245 dans la région. Les plus importantes étaient les moulins à farine et à scie de Stanbridge, les tanneries de Dunham et Bedford, la manufacture de lainage de Saint-Armand, la manufacture de haches de Bedford et les manufactures de vêtements de Cowansville.
Aujourd’hui, le piedmont est davantage synonyme d’agrotourisme où de nouveaux modèles d’agriculture à plus petite échelle s’y implantent. Et c’est grâce à la culture de la vigne, qui émerge au tournant des années 1980, que cette réidentification de la région a commencé à prendre forme, d’abord dans le secteur de Dunham où l’on trouve le premier vignoble commercial de Brome-Missisquoi. Riche en vallons rocheux et d’un microclimat, cet ensemble paysager accueille désormais plus d’une dizaine de vignobles.
Un sol convoité
Riche en paysages culturels, le piedmont des Appalaches fait également l’objet de plusieurs enjeux de préservation. Au sud, l’exploitation des gisements de calcaire en expansion suscite certains conflits entre promoteurs et défenseurs du maintien des paysages patrimoniaux et agroforestiers.
Au nord, les panoramas des plaines d’ardoise sont menacés par l’étalement de la population. Les routes 139 et 104, dessinées de manière à contourner les centres (Adamsville, East Farnham, Cowansville), ont déplacé les centres d’activité des vieux quartiers vers de grands boulevards périphériques. Ces aménagements ont permis la création de banlieues sous forme de lotissements éparpillés dans la campagne. En 2019, le secteur de l’Entre-Yamaska, qui regroupe Granby, Bromont, Saint-Alphonse-de-Granby, Brigham, East Farnham et Cowansville, présentait un corridor d’urbanisation diffuse quasi continu de 105 000 habitants.