Massifs appalachiens
Bien qu’ils occupent moins de 9% de l’ensemble du territoire de la MRC Brome-Missisquoi, les principaux massifs de la région (Sutton, Glen, Foster et Brock) ont cette particularité de s’inviter dans la plupart des paysages bromisquois où l’on pose les yeux. Cette série de monts, qui s’étend d’Abercorn à Bolton-Ouest, en passant par Sutton, trace la limite entre le piedmont des Appalaches et le bas plateau appalachien.
Des massifs visibles à des kilomètres
Ces montagnes qui figurent parmi les plus hautes dans le sud du Québec se démarquent à des kilomètres à la ronde. Le versant nord du Round Top, qui culmine à 962 mètres, accueille également depuis plus de 60 ans les pistes de la station de ski Mont SUTTON.
Des géantes aux 360 millions de bougies
La faille de Logan, fracture terrestre qui part du lac Champlain jusqu’au golfe Saint-Laurent, est en partie responsable de la formation des massifs appalachiens qui se dressent fièrement dans le paysage bromisquois, tout juste à la porte de la frontière des États-Unis.
Il y a plus de 360 millions d’années, des îlots continentaux sont entrés en collision avec l’Amérique du Nord. À l’époque, ces montagnes avaient l’allure des Rocheuses, voire même des Alpes. Constituées majoritairement de basalte, de schiste et autres roches déformées issues de la consolidation de sédiments, ces zones de chevauchement ont, avec les années, subi l’effet des vents et de différentes phases de glaciation. De multiples érosions qui ont fini par leur donner l’aspect arrondi que nous leur connaissons aujourd’hui.
Un relief qui préserve le paysage
Le fort relief des massifs appalachiens y a découragé l’implantation d’une forte agriculture. Même l’exploitation forestière s’y est maintenue à une échelle modeste. Au temps de la colonisation au 18e siècle, la seule façon d’atteindre la vallée de la Missisquoi, perçant le cœur des montagnes vertes, se faisait d’ailleurs par barque depuis le Vermont. Et encore fallait-il que le débit d’eau de la rivière le permette.
Ce n’est qu’au 19e siècle qu’un petit col entre Abercorn et la vallée (aujourd’hui route Scenic à Sutton) a permis d’établir une connexion routière vers Highwater. Encore aujourd’hui, le facteur éloignement de ce secteur contribue à préserver son paysage unique où l’on retrouve une succession de hameaux, d’arrêts ferroviaires, de pâturages et de lieux de commémoration (cimetières, lieux-dits).
Deux visions pour une même identité
Depuis plus d’une centaine d’années que les massifs appalachiens attirent les touristes. Déjà, en 1860, la diligence postale, reliant Saint-Jean-sur-Richelieu à Troy, au Vermont, avait commencé à emmener des passagers au pied des montagnes. Quelques années plus tard, en 1871, le chemin de fer prenait la relève. Et bien avant que le ski alpin devienne un des principaux moteurs touristiques de la région au début des années 1960, le ski de fond et la raquette prenaient déjà leur aise.
Au fil des années, ce sont ajoutés la marche, l’écotourisme et le vélo. Ce qui donne lieu parfois à des affrontements entre les acteurs prônant l’essor touristique et ceux soucieux de la conservation des paysages… pourtant chacun contribue à l’identité contemporaine du secteur.
Protéger des écosystèmes uniques
Monts Sutton, mont Glen, mont Foster… de plus en plus, les flancs des massifs appalachiens sont gagnés par des dynamiques d’ensemble résidentiel et de villégiature. Ce qui se traduit par des déboisements pour assurer la vue des nouvelles propriétés.
Ces vastes paysages forment même déjà près du quart des zones de la MRC Brome-Missisquoi où l’on ressent l’étalement urbain. Et les pressions s’accentuent. Une situation qui fragilise une panoplie de milieux et espèces rares. D’où les enjeux de mise en place de visions claires de développement et de préservation afin de protéger ces écosystèmes uniques.
À ce propos, les paysages des monts Sutton et du mont Echo abritent plus de 60 km2 de milieux conservés, ce qui en fait le plus vaste territoire protégé en zones privées dans le sud du Québec.