Basses-terres du Saint-Laurent
Situées à l’ouest du territoire bromisquois, aux confins des basses-terres du Saint-Laurent, les plaines pikeriveraine et maskoutaine forment, avec leurs vues dégagées, l’un des cinq grands paysages du territoire.
Des paysages de plaines agricoles ouvertes
Marquées par le passage des glaciers et de la mer de Champlain, ces vastes étendues nous entraînent dans un décor qui, aujourd’hui, est largement imprégné d’une agriculture intensive. De Farnham à Pike River en passant par Notre-Dame-de-Stanbridge, le maïs - grain et le soya s’invitent ainsi comme principales cultures tout au long des rangs rectilignes où défilent également les fermes laitières, porcines et avicoles.
Caractérisée par un développement sous le régime seigneurial canadien (1623-1854), cette partie du territoire, traversée par la rivière aux Brochets, se rattache culturellement et visuellement aux MRC voisines du Haut-Richelieu, de Rouville et des Maskoutains.
Un sol marqué par le poids des glaciers
Sous le poids des derniers glaciers, le sol de la croûte terrestre s’est affaissé. C’est ainsi, il y a 12 000 ans, que la mer de Champlain a pris ses aises dans les plaines jusqu’au piedmont des Appalaches.
Il a fallu attendre 2000 ans pour que cette mer commence à se retirer. Ce qui a permis le dépôt de sédiments argileux et sableux qui caractérisent aujourd’hui les sols riches des basses-terres du Saint-Laurent. Ce sont d’ailleurs les divers stades de ce retrait marin qui ont engendré la présence de plages de sable blanc à Bedford et Farnham. Le rang Saint-Henri et la route 235 suivent d’ailleurs cette côte de sable.
Plus de 2 000 ans d’agriculture
Ce n’est pas d’hier que les plaines du territoire bromisquois sont propices à l’agriculture. Bien que les traces et vestiges soient rarissimes, quelques fouilles archéologiques ont démontré que ce mode de vie façonne Brome-Missisquoi depuis plus de 2 500 ans.
Selon l’état des connaissances actuelles, il est fort probable qu’un réseau de navigation, accompagné de portages, ait favorisé les communications terrestres entre les peuples des Premières Nations. Des recherches laissent croire que ces plaines ont sans doute été témoin de campements, voire des villages autochtones, entourés, lors de la belle saison, de cultures peu étendues de maïs et de courges. D’ailleurs, il apparaît qu’au moins un campement iroquoïen se trouvait à la hauteur des premières chutes de la rivière aux Brochets, entre Pike River et Notre-Dame-de-Stanbridge.
Des villages vieillissants
Chef-lieu de la plaine maskoutaine, la ville de Farnham a bénéficié de la force hydraulique de la rivière Yamaska pour prendre de l’expansion. Grâce à cette ressource, la ville figurait, jusqu’au début du 20e siècle, parmi les centres industriels les plus importants de la MRC. Encore aujourd’hui, des quartiers ouvriers entourent ce cœur institutionnel qui prend de l’expansion.
Plus au sud, dans la plaine pikeriveraine, des villages comme Notre-Dame-de-Stanbridge, Pike River et Stanbridge Station connaissent un autre sort. Depuis déjà plusieurs décennies, ces communautés ont cessé de prendre de l’expansion. L’intensification de l’agriculture, l’exode rural et la diminution du nombre d’enfants par famille ont causé une stagnation de la population. En fait, le vieillissement de la population s’annonce comme un défi démographique de taille pour la plaine pikeriveraine.
La bataille aux cyanobactéries
Qui dit plaine pikeriveraine, dit aussi passage de la mer de Champlain dont la baie Missisquoi demeure une empreinte de son ancienne présence. Un des affluents de cette baie, la rivière aux Brochets, a même largement contribué au développement des paysages locaux de la région. C’est d’ailleurs pour cette raison que son ancien nom - porté jusqu’en 1968 (Pike river) - a inspiré l’adjectif pikeriverain.
Toutefois, l’intensification agricole au 20e siècle a malmené le réseau hydrographique qui se jette dans la baie Missisquoi. Au cours des dernières années, cette baie est devenue l’emblème québécois du combat contre les cyanobactéries. Les initiatives d’amélioration des pratiques agricoles et la mise en place de bandes riveraines figurent au rang de modèles de gestion des eaux et fabriquent de nouveaux paysages en zone d’agriculture intensive.